Angèle au Sénégal-Episode 26:"Quand l'amour est plus fort que tout..."

On sous estime souvent le pouvoir de l'amour.

Moi la première, ce matin.

Après une journée passée à dormir (la faute aux gazouillis dans mon ventre) et à "bilanter" sur la situation de la pouponnière, je suis démoralisée et découragée.

Ce matin je n'avais pas envie. Pas envie de croiser ces assistantes qui font froid dans le dos à mon éthique personnelle.

Oh non ce n'est pas juste une question d'égo mal perché, mais bel et bien un problème de valeurs intérieures et très profondes.

Ce matin je me suis donc levée dans la plainte: "je ne veux pas les voir, je ne veux pas leur parler, je n'aime pas ce qu'elles font aux enfants"... et j'en passe...

Là haut on a dû m'écouter avec attention.

La pouponnière était pleine de bénévoles, une aubaine! Pouvoir sortir avec les enfants et profiter d'eux, en tête à tête, génial!

Sitôt pensé, sitôt fait: avec deux bénévoles nous sortons quelques loulous et nous nous posons dans un endroit calme, sous un arbre, exempt de tous cris, pleurs et accrochages hargneux en tous genres...

Je me sens bien. Le vent nous chatouille les oreilles, les enfants sourient, nous discutons, nous relatons. Je suis "soulagée" de voir que je ne suis pas la seule à faire un constat pessimiste de la situation actuelle.

Toutes les bénévoles de la "bande" ont le même ressenti que moi: pas d'amour, pas de délicatesse, peu de respect.

Oui nous fuyons les moments où les enfants sortent de la section pour se retrouver à 15 ou 20 dans une case de même pas 10m2 avec un jouet pour 3. Oui dans ces moments là, nous prenons chacune un petit et nous nous éloignons au calme, comme ce matin. Dans un endroit propice au bien-être, à l'échange, à l'espace, à la connexion au monde qui nous entoure...

Et les enfants s'y sentent bien. Pour des raisons de responsabilité et de sécurité, il ne m'est pas possible d'avoir plus d'un enfant à charge. C'est peu, mais je fais toujours au moins un heureux!

Quand je me retrouve à les voir déambuler, (les fesses en l'air pour ceux qui ne marchent pas encore!) , à jouer, à parler (et non crier), à sourire, je savoure...

Je savoure ces moments que je trouve trop rares et je déverse sur eux un flot d'amour qui je sais les rassure.

Je suis cadette, pas de petit frère ni de petite sœur. Une nièce et un neveu qui ont des parents formidables qui s'occupent remarquablement d'eux. Je n'ai jamais eu à participer à l'éveil et à l'éducation d'un enfant. Je ne sais pas faire. La seule comptine que j'ai dans mon répertoire c est la souris verte. Je ne sais pas chanter et je ne sais pas non plus trop jouer. D'autres le font très bien pour moi.

En revanche je sais aimer.

Et je sais que pour eux c'est important. Je le sens, je le ressens. Je vous l'affirme car malgré mes lacunes en "nounoutage", je m'en sors juste avec de l'amour. Les enfants me tendent les bras, les enfants me sourient, les enfants me câlinent.

Dans la vie, on ne peut pas être bon partout. Si j'étais douée en chant j'aurai tentée "The Voice", si j'étais experte en animation j'aurai essayé le club med sur une île paradisiaque, mais aujourd'hui c'est ma capacité à aimer qui fait que je suis ici, au Sénégal, pour les enfants de la pouponnière.

Je les aime et eux m'aident à m'aimer. Quand je suis avec eux, j'oublie les paroles de mon réveil...Je fais face, par amour pour eux...

L'amour est plus fort que tout. L'amour devrait être partout. Il est si puissant!

Je souhaite l'amour en abondance dans le monde qui nous entoure...afin de renouer avec une vie faite de paix, de joie et d'harmonie...

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